LE RECIT DE CETTE GRANDE TRAVERSEE
Traversée Gavarnie – Gabas
par les Grands Sommets
Vignemale (3298m) - Balaitous (3144m) - Ossau (2880m)
Comment s'est passé cette aventure ?
Vous allez tout savoir en lisant le récit qui suit et en cliquant sur les liens en bas de la page !
LA VIDEO RESUME MET DEJA DANS L'AMBIANCE !
LES LIGNES ECRITES JUSTE AVANT LE DEPART POUR GAVARNIE
Vendredi 31 Août
Je termine juste d’écrire ces quelques lignes, j’hésitais même à les mettre en ligne sans trop savoir quelle serait l’issue de cette épopée … et me voilà en route pour Gavarnie !
Je récupère mon père et Samuel sur Pau. Nous arrivons sur Gavarnie avec le camping-car vers 20h, et nous nous garons en plein centre du Village. Il fait froid, ce qui confirme les prédictions météo. De gros coups de vent agiteront quelque peu cette courte nuit, mais à 2h30, le réveil sonne déjà ! Biens contents d’avoir troqué la tente pour le camping-car quand même… Nous sommes à quelques minutes d’une belle aventure !!
Samedi 1er Septembre
2h55 - tout est prêt ! Les sacs sont finalement assez lourds, entre les petits crampons, l’autonomie sur les ravitos, gps, camera, appareil photo et batteries… et les vêtements pour lutter contre le froid ! Isotherme annoncé à 2600m avec en plus un vent du Nord assez fort avec des rafales … çà promet ! Aux dernières nouvelles prises auprès des refuges de Baysselance et d’Arrémoulit, pas de chutes de neige la nuit précédente… le Couloir Ledormeur semble abordable, mais encore faudra-t-il vérifier cela sur place au lever du jour. Nous voilà en place, dans les rues désertes de Gavarnie, on fait la photo souvenir, on allume la frontale … cap vers le VIGNEMALE pour commencer !
3h05 – Nous voilà partis en footing sous les lampadaires du village ! Pas un signe de vie à cette heure si matinale, rien de bien étonnant. Une magnifique lune au dessus de notre tête nous permet de distinguer les Montagnes qui nous entourent, les nuages qui filent à grande vitesse et nous autorise même le luxe de grimper jusqu’au Barrage d’Oussoue sans allumer notre frontale ! Un vrai régal que de progresser de nuit sans artifice, comme un animal ! Il fait même beaucoup moins froid que prévu (pour le moment…) dans le mesure où nous sommes dans ce vallon encaissé, en train de monter en trottinant sur la piste caillouteuse. 1h05 plus tard, sur les bords du Lac d’Oussoue, après avoir effrayé un sanglier (seul signe de vie que nous avons rencontré jusqu’à 9h du matin !), nous attaquons les sentiers de montagnes ! Il faut quand même rallumer la frontale pour distinguer les cailloux. La fraîcheur va commencer à se faire sentir. Sur un bon rythme, nous atteignons les Grottes de Bellevue (Alt. 2500 environ) … il est 5h10 du matin environ.
On quitte le GR10 pour s’attaquer désormais au Vignemale pour de bon, par le Glacier. Avec cet été de grande chaleur, on ne trouvera le Glacier qu’à l’altitude 2900m ! Cependant, les conditions ont bien changées, il fait vraiment froid ! Les pierres gelées, les plaques de glace sur les ruissellements du glacier sont là pour nous l’indiquer et on a déjà sorti les gants et la Gore Tex! Les cairns omniprésents si on reste vigilant nous guident jusqu’au pied du Glacier, qui présente un ressaut bien raide. Les crampons sont ici obligatoires. Le Glacier est dur comme le béton, mais les petites pointes nous procurent une excellente accroche. Notre progression suit son cours, nous arrivons sur la grande partie du Glacier, à 3000m, entourés par les silhouettes du Monferrat à gauche et du Piton Carré à droite notamment. L’ambiance est surréaliste et grisante, seuls en pleine nuit sur le Glacier. Nous faisons quelques zig-zag pour contourner quelques crevasses peu inspirantes, et les seuls bruits que nous pouvons entendre sont les craquements continus du Glacier ! Un peu flippant, mais il travaille le bougre !! Mais très vite, nous allons passer un moment difficile. Nous arrivons au pied de l’ascension finale sur la roche de la Pique Longue (3298m) beaucoup trop tôt ! J’avais calculé un départ à 3h, pour une ascension ‘’tranquille’’ en 4h pour arriver au lever du jour au sommet… mais nous sommes montés en moins de 3h30 ! Il fait encore nuit noire, et impossible d’aborder la ligne de crête vers le Pic du Clot de la Hount et le Couloir Ledormeur dans cette obscurité. Mais que faire ? Nous sommes désormais exposés en plein vent, la température ressentie doit avoisiner les -10°C… nous allons attendre pendant des minutes qui n’en finissent pas, recroquevillés sur nous-mêmes, à trembler comme des feuilles, en se tapant avec les mains. Doigts de mains et de pieds sont engourdis … il ne faut pas rester sans bouger plus longtemps. On attaque le cheminement final… jusqu’à s’abriter dans une des Grottes de Russell, juste en dessous du sommet ! Mais pourquoi ne pas y avoir été plus tôt !!! Une grosse erreur, car sans le vent, c’est déjà beaucoup mieux même si il doit encore faire -3° ; les 7h du matin vont finir par arriver, mais les lueurs du jour sont encore discrètes. Par contre, les couleurs sont magnifiques ! Un beau spectacle de courte durée à cause du vent qu’on aurait bien apprécié plus longtemps !
7h05 – Photo souvenir au sommet du Vignemale aux toutes premières lueurs du jour, et nous filons par les crêtes vers le Pic du Clot de la Hount. Avec les rafales de vent glacial venant du Nord, la progression est beaucoup moins évidente que lors de mon dernier passage début août ! Samuel me suit de près, je le guide vers le passage le plus complexe de cet itinéraire, la descente du Vignemale sur son versant Ouest, par le Couloir Ledormeur. Un cheminement sinueux à se faire sur une dalle à 45°-50°, avec un rocher en mauvais état, sur 200m de dénivelé, à rechercher sans cesse les pas les plus abordables. Personnellement plutôt à l’aise, je progresse prudemment, en étant vigilant à bien anticiper la lecture du terrain, pour trouver le meilleur passage. Je profite aussi des superbes couleurs sur les montagnes en face de moi ! Les rayons du soleil juste sur les cimes donnent des effets incroyables ! Le Balaitous et l’Ossau sont perceptibles, mais si loin aussi, c’est motivant et effrayant à la fois! Samuel progresse beaucoup moins vite, mais l’essentiel est de passer sans encombre. Nous ferons quand même ‘’glisser’’ quelques pierres, et la vitesse à laquelle elles ont atteint le bas du couloir nous rappelle l’exposition du passage. Point de vitesse, dans quelques minutes je serai rassuré quand j’aurai amené Samuel en bas du couloir !
8h10 – Nous y voilà ! Dans ce petit Cirque sous la pointe du Vignemale et les couloirs Ledormeur et Clot de la Hount. Le Rio Ara est encore plus de 700m plus bas, mais le plus compliqué est derrière nous ! J’espère juste que Samuel n’a pas laissé trop d’énergie dans cette descente. Je commence donc à trottiner ‘’à travers tout’’, pour reprendre un bon rythme de croisière. Même si il n’y a pas de sentiers et de nombreux rochers, la progression est bien différente ! Sur le bas, nous surprendrons un renard, qui ne devait pas s’attendre à voir 2 coureurs débouler par ce versant ! Cette fois, nous voilà au bord du Rio Ara, juste en dessous du Col d’Aratille, notre prochain point de passage. Pause ravitaillement. Samuel boit directement au ruisseau, le tuyau de sa poche à eau est encore gelé depuis 5h du matin, chose que j’avais réussi à contrecarrer assez vite et en le mettant dans le sac pour ne pas l’exposer au vent… mais il fait toujours froid !!! Maintenant que nous avons vaincu le Vignemale, son Glacier nocturne, les rafales de vent et cette descente Ledormeur, je me projette sur la suite ! J’ai bien en tête les temps de passage que je m’étais fixé, avec surtout cette grosse contrainte que d’arriver assez tôt au pied de l’Ossau pour pouvoir grimper et surtout redescendre ses cheminées exposées avec la lumière du jour ! La grosse contrainte et difficulté de cette traversée est bien là à mon sens, au-delà de la technicité du terrain, dans ce défi physique qui oblige d’avancer vite entre le sommet du Vignemale et le pied de l’Ossau, entre le lever du jour et le coucher du soleil !
VIDEO LIVE SUR LE BORD DU RIO ARA
9h05 – Nous voilà au Col d’Aratille, pour la première fois depuis 3h du matin sous un rayon de soleil ! Le Vignemale, bien que très imposant juste derrière nous, ne nous fait plus d’ombre ! Soit c’est bon signe car on s’en éloigne, soit c’est mauvais signe car le soleil monte et le temps passe !! Mon père doit venir à notre rencontre au niveau du Refuge Wallon, mais je lui avais donné 9h comme heure de passage ! Nous en serons bien loin ! Sur cette longue descente somptueuse pour rejoindre le vallon de Marcadau, nous reperdrons encore quelques précieuses minutes, Samuel n’est pas des plus à l’aise sur les portions techniques. Au bord du Lac principal d’Aratille, nous croisons nos premiers randonneurs du jour, qui eux aussi se demandent bien d’où nous pouvons bien arriver ! A l’approche du refuge, je distingue mon père juste en dessous, scrutant l’horizon vers ce vallon d’Aratille ; et oui, nous arrivons il est 9h50, je me doute bien qu’il s’est fait quelques sueurs froides compte tenu des 50’ de retard et connaissant les difficultés du passage sur le Vignemale … mais tout va bien ! Nous ferons donc la pause juste là, au dessus du pont, au soleil, 10 bonnes minutes. Je ne lui cache pas mon inquiétude quand à la suite ; la marge n’est pas grande. Samuel n’est pas dans un bon jour, il m’a dit même juste un peu plus haut qu’il commençait à avoir sommeil… il prend conscience qu’il lui sera impossible de se tenir au tempo prévu, et commence à me parler de séparation… mais je ne le voyais pas comme ça ! on va reprendre un bon tempo et on refera le point en haut du Col de la Fache.
10h04 – Nous avons laissé frontales et crampons à mon père, nous avons (enfin … mais par pour longtemps) quitté la Gore-tex et la couche supérieure, et repris notre marche en avant. Nous passons devant le Refuge Wallon (1850m) pour cette longue portion de transition via le Col de la Fache (800m de dénivelé tout de même) et les lacs de Campo Plano et Respumossso pour arriver véritablement au pied du second ‘’colosse’’ qu’est le Balaitous. J’attaque sur un bon pas, comme pour ‘’rattraper le temps’’, j’avoue avec le recul que cette histoire de nuit tombante pour les cheminées de l’Ossau m’a mis un peu la pression. Samuel semble de plus en plus fatigué, mais s’accroche ; nous commençons à parler des différentes portes de sorties, avec un arrêt à Soques éventuellement pour lui, encore un moment pas des plus agréables dans cette longue journée. Finalement, la séparation devient inévitable, sa forme du jour, son manque de préparation pour cet effort long et la vitesse imposée par la fenêtre jour le rendent à l’évidence : même si on a grimpé ce Col de la Fache en moins d’1h10 depuis Wallon, la fatigue est bien trop grande. Je n’avais pas du tout prévu cette hypothèse, mais c’est désormais inéluctable ! On se donne rdv au Refuge Arrémoulit, Samuel contournera le Balaitous par les Lacs d’Ariel.
11h10 – Col de la Fache (2660m). Me voilà donc seul… une sensation étrange, le fait de ne plus partager cette épopée me fait me poser quelques questions sur le but même de ce défi … mais pourquoi ?... finalement, faut-il vraiment essayer de donner une réponse ? Non c’est comme ça, je recherche des émotions et des sensations fortes à travers une telle aventure, un point c’est tout. Je dévale à toute vitesse la partie technique qui me mène au bord du superbe lac de Campo Plano. Je ne connaissais pas cette partie de l’itinéraire. C’est magnifique encore une fois! Ambiance espagnole en plus de ça, avec de ‘’Animo’’ et ‘’Venga, venga’’ en croisant les randonneurs, de quoi vite se remobiliser et redonner du sens à cette quête de sommets grandioses ! Le refuge de Respoumosso se fait désirer et se dévoile à moi au dernier moment, sur les bords de ce grand lac. Le vent à refait son apparition, et malgré le soleil, il fait de nouveau assez froid.
11h50 – Après 2-3 minutes de pause pour faire le plein d’eau, cette fois, les choses sérieuses reprennent en terme de difficulté. Le Balaitous par la Brèche Latour est une montée redoutable, par sa pente (3km pour 1000m de d+) et son terrain engagé et isolé (cheminement dans les blocs, sans chemin évident). Le rythme est soutenu, je marche à un bon pas, mais les marches et sauts de blocs en blocs, l’obligation de monter les pieds à chaque fois au niveau des genoux, … je ressens comme un coup de fatigue ! Les doutes que j’avais à Wallon sont encore présents, rien n’est gagné ! Je n’insiste pas, et m’impose un petit stop sur un des nombreux cailloux présents.
VIDEO LIVE SOUS LES CRETES DU DIABLE
En fait, je prends conscience que je n’ai pas été vigilant sur mon hydratation et mon alimentation depuis le départ, facteur primordial pour conserver une bonne vitesse constante, surtout depuis que je suis parti en solo sur un rythme soutenu. Entre le froid glacial qui a gelé le tuyau, les mains glacées qui n’incitent pas à attraper quoi que ce soit dans le sac, le stress du ‘’chrono’’ à partir du Rio Ara, la course après le temps depuis La Fache … j’ai oublié l’essentiel ! Me voilà juste sous les crêtes du Diable, complètement seul dans ce vallon vers les Frondella et le Balaitous ; en 5’, j’engloutis tout ce que je peux, je savoure quelques bonbons, je descends un demi-litre de boisson énergétique … il était temps ! J’en profite pour remettre une couche car le vent repart de plus belle, et me voilà de nouveau parti à l’assaut de la Brèche Latour ! Je parviens au pied assez vite. Un groupe semble installer un rappel juste à droite de la Brèche, il faudra être vigilant aux chutes de pierres. Alors que je craignais ce passage vertical (non pas pour son expo mais pour l’énergie qu’il requiert), je me trouve finalement de mieux en mieux. Je grimpe dans le creux jusque sous le bloc coincé dans la Brèche. De là, quelques pas d’escalade facile pour revenir sur la droite et passer la dernière pointe. J’arrive au niveau des espagnols qui installent leur relais sur ce même endroit, qui me regardent un peu surpris. On échange quelques mots, je leur explique le défi du jour, et ils m’encouragent à poursuivre dans ma quête, j’adore ! On se sent mieux compris de l’autre côté de la frontière, c'est bizarre !! De là, je décide de me faire plaisir en réalisant le final du Balaitous en restant sur l’arête qui est à ma droite, avec de belles vues sur les crêtes du Diable et de Costerillou. C’est grisant ! Je me sens de mieux en mieux physiquement, et du coup mentalement ! Le coup dur semble derrière, et me voilà au sommet du Balaitous !
13h15 – Sommet du Balaitous. 3144m. Me voilà au sommet ! Le vent est moins violent qu’au Vignemale, mais le froid est quand même présent, comme en témoignent les stalactites rencontrées à quelques mètres du sommet ! Je suis de nouveau seul, sur ce large massif de granite, le point culminant de mon Béarn natal, le premier ‘’grand’’ sommet de la chaîne en partant depuis l’Océan, et je peux contempler le chemin parcouru depuis déjà 10h et celui qu’il me reste à faire ! Vignemale et Ossau paraissent bien petits comparés à la Grande Fache, au Pic d’Enfer, à l’Ariel ou au Palas … la preuve de la distance qui m’en sépare … j’ai donc fait un bon bout de chemin, mais il en reste encore !!!! Avec le froid, je ne m’attarderai pas au sommet, pour attaquer plus que motivé la descente par la Grande Diagonale. Je n’ai pas eu le temps de visiter l’arête Packe-Russell qui paraît plus esthétique lors de ma reco, ce sera pour une autre fois. Mais cette Diagonale est bien praticable, avec un pied sûr et une vigilance quand aux pierres qui roulent sous les pieds. Je descends sur un super rythme, et me voilà très vite au niveau de l’abri Michaud (2750m), qui marque la fin de ce passage. Et là, je retrouve Laurent (Laurent Althabe) ! Quelle joie que de le retrouver ici ! Il avait hésité à se lancer dans l’aventure avec nous au départ de Gavarnie, mais une cheville douloureuse l’en avait dissuadé, suite à nos 24h de reco le weekend passé autour d’Arrémoulit. Le voilà à mes côtés, pour parcourir toute la fin du parcours, c’est génial ! Nous allons poursuivre sur cette super dynamique qui s’est désormais installée. Bel enchaînement dans les pierriers jusqu’au Lac Glacé, et quelques virages plus bas, nous voilà sur les bords du Lac d’Ariel supérieur. Le cadre dans lequel nous évoluons est tout simplement grandiose, avec ces lacs de différentes couleurs, et ses sommets imposant qui nous encerclent (Ariel, Palas et Balaitous), et le soleil qui est toujours là ! Moins d’une heure pour descendre le Balaitous ! Même si je ne regarde plus la montre et les temps de passage depuis un moment, je pense que tout revient dans l’ordre, je mets le cap sur le Pic du Midi d’Ossau remonté à bloc ! Au Col de la Fache, j’avais fixé rdv à Samuel à 15h30 au refuge d’Arrémoulit … il n’est alors que 14h10 !
14h10 – Sur les bords du Lac d’Arrémoulit, je propose à Laurent de le contourner par la droite et ainsi récupérer la trace sur le haut, en direction du Col d’Arrémoulit. Cela me semblait plus court. Difficile à savoir, mais je ne pense pas qu’on ait perdu beaucoup de temps ! Le tempo est costaud ! Le cadre est toujours aussi beau (je ne me lasse pas de coin des Pyrénées Béarnaises !!)… je savoure chaque instant désormais, en me remémorant ce passage difficile au niveau du Vignemale notamment ! En arrivant au col, qui retrouve-t-on ??? Samuel !!! Il a pris son temps depuis le Refuge de Respoumosso, mais est quand même surpris de me voir déjà là ! Il a déjà pris la décision de stopper à Soques, il est fatigué et se connaît parfaitement, il ne faut pas insister sur ce terrain c’est normal ! Nous passerons quelques minutes ensemble au Refuge d’Arrémoulit. Quel accueil ! Merci beaucoup à David et sa compagne pour le ravito express ! Les abricots secs étaient excellents, et le coca bien frais ! Parfait ! On a quand même du refuser la cigarette proposée par leur ami présent à ce moment-là … je crois qu’il nous a pris pour des fous lui par contre !! On ne s’est pas attardé plus que ça, dans la mesure où on doit retrouver mon père en bas du Val d’Arious, sur la route du Pourtalet… mais j’y reviendrai dans ce sympa Refuge d’Arrémoulit, au cœur de secteur enchanté ! Quelques pas en apesanteur sur le barrage entre l’eau et le vide (avec le vent, j’avais choisi mon côté pour tomber au cas où !!), on remonte par les plus beaux cairns des Pyrénées (un peu de chauvinisme quand même !) et nous voilà au niveau du passage d’Orteig, ce fameux raccourci ouvert par ‘’l’animal des Eaux-Bonnes’’, sur les traces d’un des plus connus guides de l’Histoire des Pyrénées… un symbole de plus. Une fois au Col d’Arious, on va dévaler la pente avec Laurent sur un super rythme ! Je crois que c’est le premier tronçon réellement courable à 100% depuis le barrage d’Oussoue ! On en profite à 100%, l’Ossau est face à nous, il nous appelle le ‘’Jean-Pierre’’! Le bref passage en forêt, et voilà le camping-car sur le bord de la route ; j’ouvre la porte … et mon père est pris en flagrant délit de sieste ! Il nous attendait pour 17h compte tenu du passage à 10h à Wallon … il est à peine 15h30 !
15h30 – Caillou de Soques (1450m). Bon ravito, pause de 15’, comme prévu, surtout que cette fois, le temps ne nous presse plus, encore que le nouveau défi est d’arriver le plus tôt possible a Gabas pour se faire un bon resto tous ensemble !! Service à 20h avis! Ici, on sort saucisson, jambon, fromage, … que ça fait du bien ! Presque un repas complet de montagnard ! Le moral est au beau fixe depuis le Balaitous désormais, toujours pas un bobo à signaler, je commence à espérer (un peu trop ?) quand à l’issue de cette expédition extrême ! Mais attention à ne pas sous-estimer le fameux Pic du Midi d’Ossau, LE Pic du Midi d’Ossau et plus de 1500m à gravir, avec ce final terrible ! Nous voilà repartis vers 16h45 avec Laurent. Le début est de nouveau grisant, les sentiers sont bons, on croise un troupeau de mouton au sortir de la forêt … on se croirait revenu en Moyenne Montagne comparé aux secteurs précédents ! On oblique vers la droite pour sortir directement au Col de Suzon sans passer par Pombie… mais que ces pentes herbeuses sont difficiles ! Finalement, je préfère les pierriers ! La pente est raide, la fatigue est là (fallait pas rêver non plus)… nous gagnons le Col de Suzon en environ 1h depuis notre départ de Soques. Mais depuis que nous approchons du Pic, celui-ci devient massif, impressionnant ! Un bloc isolé de tous sommets, qui paraît d’ici imprenable pour les simples randonneurs ! Les nuages filent à toute vitesse sur la cime du Grand Pic, et s’accrochent parfois, ambiance … rien n’est gagné encore ! Il nous reste plus de 700m de dénivelé pour à peine 1.5km ! Des cheminées à gravir, avec vigilance, des pierriers à surmonter, … il se mérite celui-là aussi ! Il est bientôt 17h, et une dernière cordée est en train d’installer un rappel a niveau de la première cheminée pour descendre. Du coup, pour éviter toute gène, avec Laurent, nous attaquons légèrement sur la droite ce premier passage délicat. Je me retrouve dans mon élément ! C’est fou, mais même si la fatigue est là, je suis plus à l’aise dans ces tronçons de Haute Montagne. Nous cheminerons de manière très intuitive par la suite, par de petits couloirs et autres cheminées, il y a quand même des cairns un peu partout sur cette voie normale de l’Ossau très fréquentée en pleine journée. Le vent est désormais de nouveau glacial lorsque nous arrivons sur le rein de Pombie ; le sommet joue à cache-cache et il est difficile de savoir quand nous arrivons réellement au sommet du Grand Pic… mais cette fois, pour de bon, c’est bientôt bouclé ! Incroyable, je me remémore cette journée XXL et tous ses moments de folie … et le Grand Pic de l’Ossau n’est plus qu’à quelques pas ! Petits passages aériens et nous y voilà !!!!! Il est un peu moins de 18h, au sommet du 3ème Grand Sommet de cette quête incroyable, nous sommes à 2880m au point le plus haut de notre ‘’Jean-Pierre’’ Béarnais !
18h – Sommet de l’Ossau. Nous n’avions croisés strictement personne dans cette ascension finale, et au même moment que nous, 2 grimpeurs arrivent par la crête venant du petit Pic, sortant de la Grande Voie de l’Ambaradère ! Avec ce froid glacial, c’est impressionnant ! Encore une fois pour cette journée, inutile de s’éterniser au sommet ! Les nuages s’accrochent de plus en plus, ne nous laissant qu’une infime fenêtre pour admirer les Lacs d’Ayous à nos pieds, le Balaitous semble désormais lui-aussi embrumé … c’est l’heure de rentrer !! Un petit bout encore, presque 2000m à dévaler jusqu’à Gabas quand même, mais cette fois, on touche au but ! Vigilance jusqu’au Col de Suzon tout de même, mais tout se passera super bien. Depuis l’Abri Michaud, nous sommes sur le même tempo avec Laurent, c’est quand même génial que de partager ces moments à 2, et en plus, ça aide aussi à avancer ! Et à partir de là, on va lâcher les chevaux et donner toutes les forces qu’il nous reste ! Pourquoi ? Pour la beauté du geste, rien de plus ! Le vallon de Magnabaigt, avec ses couleurs de fin de journée est magnifique, le Pic Lavigne nous en impose sur notre droite, nous filons à toute vitesse ! Passage en forêt, et moins de 30’ après le Col, nous arrivons sur le Lac de Bious-Artigues, avec des couleurs extraordinaires ! Le soleil envoie ses derniers rayons de la journée sur le Lac, face à nous, les chevaux sont sur les bords de l’eau, c’est magique ! Nous retrouvons mon père et Samuel sur le parking, ainsi qu’un groupe de randonneurs qui nous applaudissent, visiblement au courant de notre petite ballade du jour ! Mais sans attendre, on attaque la route pour descendre à Gabas ! Le resto est réservé m’a-t-on dit, faut y aller ! Que ces 4-5 kilomètres de goudron seront difficiles ! Sur ce sol dur, les douleurs ressurgissent, les genoux sont douloureux … mais la joie d’en terminer prend le dessus, on verra plus tard pour la fatigue !!
19h30 – Arrivée dans Gabas. 16h31 exactement à ma montre après ce départ nocturne dans les rues de Gavarnie. Dans la plus grande simplicité, me voilà arrivé dans ce village Ossalois, aux côtés de mon père, Samuel et Laurent. Fin d’une fantastique épopée à travers ces 3 Grandes cimes symboliques de nos Pyrénées Occidentales, j’ai du mal à y croire finalement, le projet est abouti ! Un accomplissement personnel et des émotions intérieures très fortes sur le moment.
Merci à Samuel pour m’avoir mis ce projet fou à l’oreille au mois de Février. Merci à Laurent de m’avoir accompagné pour partager ces grands moments de Montagne. Merci à mon père surtout de m’avoir transmis ces valeurs, cette passion pour la Montagne en toute simplicité et humilité, et cet Amour particulier pour le Pic du Midi d’Ossau, ce Pic que l’on observe par beau temps depuis le canapé de la maison familiale à Serres-Castet !
En espérant que vous avez passé une bonne lecture.
Vive les Pyrénées ! Le Lémurien.
Et pour compléter :
LES TEMPS DE PASSAGE DETAILLES
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LA TRACE GPS REALISEE ET LES INFOS DU PARCOURS AVEC CARTE ET PROFIL
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TOUTES LES PHOTOS DE SAMUEL MON AMI ESPAGNOL
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LE RECIT DE SAMUEL EN ESPAGNOL SUR SON SITE : Tierra de Aventura (Une Mine d'or d'informations)
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LA VIDEO SI VOUS L'AVEZ RATE AU DEBUT OU SI VOUS VOULEZ LA REVOIR !
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TOUTES MES PHOTOS COMMENTEES SUR PICASA
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