LE RECIT DE LOLO - ''Good Morning Réunion!!!!!"
Petite Sortie au Maido 3 Jours avant la Course
De retour en métropole après ce périple en terre créole. Avant de reprendre le chemin de l’école demain, quelques lignes pour vous compter cette unique expérience.
Tout d’abord, merci pour vos soutiens, à la lecture de quelques mails, SMS et autres, je constate avec joie que certains d’entre vous ont vécu pleinement cette course.
J’avais lu des récits, des commentaires, j’ai échangé avec des coureurs sur cette épreuve avant de m’y lancer et vraiment la réputation de cette course n’est pas usurpée.
De toutes les courses ou expériences en montagne que j’ai faite depuis des années, cette diagonale restera comme une épreuve physique et mentale indescriptible !!!
La technicité des chemins, les amplitudes thermiques 0 au Piton Textor à 35° après le MAIDO, 2 nuits sans dormir, le cocktail est digne d’un bon vieux rhum agricole, décapant et assommant.
Difficile pour moi de vous retranscrire toutes mes émotions. Ce que je peux dire c’est que physiquement j’étais à l’apogée et mentalement dans un bon feeling, qui ne m’a jamais quitté alors que les conditions de course m’ont été des plus défavorables. Lorsque j’ai touché le fond, à aucun moment je n’ai eu l’idée d’abandonner, alors que mes forces physiques étaient au plus bas, mon mental a pris le relais et m’a permis de ne pas sombrer et de continuer inexorablement mon chemin. On parle souvent de force mentale, de courage, on l’emploie à la vas vite sans savoir réellement ce que ça veut dire. Je pense pouvoir aujourd’hui en parler car quand il ne vous reste plus rien, seul dans le noir dans la montagne, à quatre pattes ou en rampant (ce n’est pas imagé), que vous dormez 5 minutes sur le sentier à même le sol et que vous repartez, ça dépasse tout ce que je pouvais imaginer. J’ai touché du doigt, l’essence de mon engagement. J’étais mentalement prêt à aller très loin et l’état critique du petit Geoffrey qui 2 jours avant notre départ lutter pour sa vie (il est aujourd’hui dans un état stable) m’a d’autant plus transcendé.
Le Projet en détails
"La Lemur Team court pour Les P'Tits Bouts''
Quelques lignes sur la course
J’étais parti sur une base de 36h. Après un départ avec le « sas » élite tout le gratin, le catalan Kilian Jornet, le vainqueur F.DHAENE, Pascal Blanc 3eme, mon pote NIKO DARMAILLACQ, 8eme qui s’affiche comme une référence mondiale de la discipline, j’ai vite mis le cligno à droite pour partir sur mes bases 12km/h, les spécialistes d’athlé apprécieront la faiblesse de ma vitesse. Je suis doublé part des masses de coureurs, réunionnais la plupart pour qui cette épreuve est une insertion sociale, une reconnaissance ultime. Dans les 1ers pointages, je suis dans les 400, ça fait drôle plus habitué à être aux avants postes mais je suis dans ma bulle, dans une course intimiste.
Déjà après seulement 40 km du monde à terre, dans les champs de canne allongé, je suis avec un pote du P.BASQUE, N.DURAND qui se sent très en forme, un peu trop quand on arrive à CILAOS au 65éme km. De l’avis de tous, la course commence maintenant, on parle d’échauffement. Pour les néophytes, ça peut paraitre incroyable mais oui je suis arrivé frais après 12h d’effort.
J’entame le made in GR, la fameuse montée du TAIBIT et ses 1400M de D+ par 30°, c’est la porte d’entrée dans MAFATE. Beaucoup d’abandon au pied car quand tu rentres dans ce cirque, tu ressors par tes propres moyens, ou en hélico donc les pieds devants.
Je suis en grande forme, je double, j’ai des cuisses puissantes. Mon coéquipier est dans le dur et gère son cycle de moins bien. Je passe au sommet en un temps explosif et entame une descente souple vers MARLA. Je n’ai plus d’eau, je bois dans une rivière. Je ne le sais pas encore mais j’ai donné par inexpérience et peut être un manque de lucidité une tournure tragique à ma course.
30 minutes après, je suis dans le fossé, des vomissements, mon physique dans la zone rouge. Je suis seulement à mi-course, l’enfer du cirque m’es promis. Je me traine, je n’avance plus, le sommeil m’alerte et la nuit guette. Je suis en panne d’essence au plus mauvais moment, je sortirais par le MAIDO, la 2eme ascension mythique de nuit, en portant ma peine.
Je suis en mode survie mais je ne m’affole pas. Je marche, je m’allonge, j’ai des hallucinations, je divague, je suis dans un état second, voilà plus de 11h que je ne bois quasiment pas et surtout je ne mange rien.
Je sors meurtri de MAFATE à 2h du matin par ce fameux MAIDO (mes enfants me disaient t’as été au MAC DO pendant la course c’est super !!!), j’aurais préféré enfin.
Il me reste 50 km de montagnes russes. Je recommence à avaler quelques trucs, le soleil pointe son nez et mon physique comme par miracle reprend les reines de ma destinée. Je galope, je double des fantômes, tout le monde est en mode survie. Je suis bien, incroyable après cette longue disette, je fonce vers la mer.
A 20 Km de l’arrivée, je vois pour la 1ère fois mes proches, c’était une tactique, je ne voulais personne avant car les témoignages étaient clairs, si tu as du monde à CILAOS ou au MAIDO c’est source d’abandon car ceux sont les seules portes de sorties de la course.
Ma compagne et mes enfants ont heureux de me voir là, plutôt en forme, je crois qu’il sont un peu fiers quand même. Mon fils me demande si je compte encore courir car il me dit vouloir aller à la piscine, je lui dis t’inquiètes, je vais boucler ça en 3H30.
J’entame la dernière ascension, je suis les bases de 37h, mais voilà, une diagonale des fous, c’est fou donc il faut une fin hollywoodienne. Il fait plus de 30°, mon corps se rappelle que j’ai fortement sollicité la machine. C’est reparti pour des vomissements, je m’écroule à terre, un officiel me met sous un arbre et me dit qu’il va chercher un médecin. Je sens l’arnaque, me faire arrêter à moins de 10 KM de l’arrivée, impossible, pour moi, mes proches, pour vous tous, mes inspirations et le petit Geoffrey. Je me relève et tant bien que mal je passe le sommet de COLORADO. Je ne m’arrête pas et j’entame la descente 4KM jusqu’ à l’arrivée vers le stade nommé DELIVRANCE, un calvaire, je ne bois plus depuis des heures, j’ai des crampes, plus de lucidité, les descentes qui ont été mon point fort durant toutes ces heures, se transforment en « casse gueule land », je chute 5 fois, je ne mets plus les mains, je commence à avoir des plaies un peu partout.
Ouf la ligne d’arrivée est devant moi, mes proches pensaient que je mettrais plus, donc personne pour m’attendre. J’arrive dans l’anonymat comme je l’espérais d’une course personnelle et hors norme après 38H51 à une anecdotique 115ème place. 2h allongé dans les vestiaires, je suis explosé mais apaisé.
Je suis dorénavant un FOU…
Merci encore pour l’asso des ptits bouts et Geoffrey
Sportivement
LAURENT
Les Aventures des ''collègues'' de la Lemur Team
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