Le Blog du Lémurien

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LA COURSE DU MONT CAMEROUN : EXPLICATIONS EN DETAILS

LE FAKO : KESAKO ?

Qu'est ce que c'est que ce truc ??? Si il fallait le dire en quelques mots, je dirai peut être que c'est une épreuve extrêmement difficile, à ranger dans la catégorie skyrace obligatoirement, avec de très nombreux atouts pour en faire une épreuve de confrontation internationale ... mais c'est sans parler des difficultés rencontrées pour ne serait-ce qu'être au départ de celle-ci...

Nous avons eu cette chance en 2011, grâce entre autres à un contact très sérieux sur place (chose pas si simple que celà à trouver) nommé Idriss, et c'est pour cela que je vais tenter de vous livrer le maximum d'informations sur cette épreuve, car elle mérite inévitablement à être connue pour commencer !! Libre à chacun de tenter l'aventure ensuite, mais au moins vous aurez gagné un peu de temps et d'énergie à la quête d'informations ... quasi-introuvables ailleurs à l'heure où j'écris ce texte (sinon envoyez les liens !)…

 

 

 

 

LE MONT CAMEROUN

 

Il s'agit du point culminant du pays, et même du point culminant de l'Afrique de l'ouest avec ses 4090m d'altitude. Les Camerounais le nomment le FAKO, ou le Char des Dieux.

Le Mont Cameroun est le 10ème sommet d'Afrique.

Une particularité de cette montagne est qu'elle reste un volcan en activité, avec une éruption de grande envergure ces dernières années (2005 peut être mais à vérifier).

Autre élément qui fait que c'est un ''4000'' différent de nos sommets alpins, c'est que vous n'y trouverez certainement pas de neige mais surtout que le sommet doit être, à vol d'oiseau, à 20km de l'Océan ! Très dépaysant à coup sûr ... car le sommet est vraiment seul... les quelques sommets voisins du pays culminants peut être à 2500 mètres ...

Autant dire que cette Montagne, qui surplombe le Sud Ouest du Pays et une partie du Nigeria, est un symbole très fort pour le Pays, chose qui permet de donner une très grande valeur à une manifestation sportive en ce lieu.

 

Le Mont Cameroun depuis le Stade Moliko à Buéa

 

 

L'ENVIRONNEMENT

 

La course a lieu au cours du Mois de Février, qui correspond normalement à la période ''optimale'' pour voyager, avant les fortes chaleurs (Mars) et la saison des pluies (à partir de Mai), mais il faut quand même s'attendre à un gros choc climatique comparativement à notre hiver hexagonal ! Températures comprises entre 25° et 32°, toute la journée, nuit comme jour ... ne comptez pas sur un refroidissement le soir ! Une très forte humidité ajoutée la dessus et donc un climat tropical difficile en encaisser en cette saison.

Pour ce qui est de la course par contre, il faut prévoir de lutter contre un changement rapide des conditions climatiques, car autant il va faire chaud au départ, même à 7h00 du matin, autant au fil de l'ascension, la température va chuter petit à petit, pour avoisiner une fourchette entre 0° et 5° au sommet, qui ajoutée à des possibilités de vent très violent et des nuages qui très souvent s'accrochent sur les hauteurs ... vous donneront des températures ressenties négatives ...

Le terrain au sol est quant à lui d'une très grande technicité globale (de 2000m à 3700m) : entre les pentes très engagées et les pierres volcaniques très abrasives et plutôt instables ... ''amis du bitume et des pistes forestières'' vous abstenir vous allez vous dégoûter !

 

 

LE PARCOURS

 

 

Informations Générales

 


MONT CAMEROUN - PARCOURS GOOGLE EARTH
envoyé par nikoverdosedetrail 

 

La course consiste en réaliser l'Aller-retour entre le Stade Moliko du Buéa (640m d'altitude) et le sommet du Fako (4090m) par le même chemin, pour une distance totale de 36km.

36km - D+3440 - D-3440 ... des chiffres qui parlent déjà pour les amoureux de la pente ... mais qu'il faut en plus replacer dans l'environnement décrit ci-dessus ... autant dire que les kilomètres n'auront aucune signification pour étalonner ou comparer quoi que ce soit ... nous n'avons pas çà chez nous, c'est sûr ! Et ailleurs ?? Cà doit être rare ... et si vous connaissez, dites toujours !!

 

Découpage

 

Le parcours peut être découpé en plusieurs parties et de différentes façons : un découpage en fonction de l'environnement dans lequel on évolue au fil des kilomètres, ou en fonction des refuges traversés avant le sommet.

 

 

Les refuges du Mont Cameroun, des repères pour gérer son effort dans ce ''mur volcanique'' :

-le refuge 1 se situe à 1870m

-un refuge ''intermédiaire'' se situe à environ 2400m

-le refuge 2 se situe à 2850m

-le refuge 3 se situe à 3740m

 

 

 

Mais un découpage me semble plus ''pertinent'', avec les phases suivantes :

1. La Route

Sortis du stade, une effervescence populaire indescriptible, si ce n'est sur les routes du Tour de France au sommet des plus grands cols de Montagne, vous accompagnera pendant de très longs kilomètres de bitume ! Et oui, les 6-7 premiers kilomètres vous feront grimper (on peut grimper par le bitume!) à travers la ville, jusqu'à l'ancienne prison, à environ 1150m. Je ne vous fais pas un rappel des qualités intrinsèques des coureurs à pied africains ... je peux vous garantir que le départ est violent ... et ce n'est que l'échauffement pourtant !

2. La Forêt tropicale

Une fois passée l'euphorie du départ dans cette ambiance inoubliable, on rentre alors dans une forêt très dense, où le sentier devient déjà assez technique : il est l'heure de passer en mode ''marche'' pour la plupart des concurrents ; je n'ai pas pu le voir, mais je pense que les premiers sont encore capables de courir sur cette section là ! A 1870m, passage au premier refuge officiel, avec ravitaillement et pointage des concurrents et la montée à l'ombre de ses immenses arbres se poursuivra encore quelques minutes ... il vaut mieux en profiter encore un peu  !!

3. La Savane Verticale

Si la météo est favorable, la sotie de la forêt ne pourra pas vous laisser insensible !  Si on regarde devant (euh non pas devant, plutôt en haut sinon on voit ses pieds !), on verra alors le cheminement du parcours avec tous les coureurs au dessus de notre tête... très hauts mais si proches à la fois ... plutôt décourageant !! Finalement mieux vaut regarder ... ses pieds !  Mais un regard en arrière permettre surtout de voir le chemin déjà effectué depuis Buéa (qui parait bien dérisoire et pourtant déjà 1300m de d+) et surtout de voir l'Océan et la magnifique baie de Limbé où de superbes poissons grillés vous attendront après ce petit effort ''Matinal'' ! Trêve de plaisanterie, cette section ne se terminera qu'au troisième refuge, à 3800m !! Malgré une légère pause après le second refuge, les pentes sont véritablement extrêmes, dans cette zone où il n'y a presque plus de végétation et des pierres volcaniques instables sous vos pieds. Seuls quelques ''arbres magiques'' tels qu'ils les nomment puisqu'ils ont réussi à prendre vie dans cette zone vous serviront ''d'objectif'' intermédiaire à atteindre ... car il faudra bien des ressources mentales dans cette longue ascension, où les effets de l'altitude pourront aussi jouer des tours à concurrents au cas où ce ne serait pas assez difficile !! Il s'agit bien ici de LA partie extrême de cette épreuve.

4. La zone désertique

Après le troisième refuge, changement de décor : on rentre dans une zone de sable gris, très typique du volcan dont on approche du sommet ! La pente est plus douce, les plus frais (si on peut dire !) pourront enfin trottiner sur quelques portions, puisque qu'il faut faire quelques traversées pour aller chercher le sommet que l'on n'apercevra souvent qu'au dernier moment puisque le soleil a disparu derrière d'épais nuages ! Il fait ''gris'', il y a du vent, il fait froid, il peut s'avérer difficile de respirer pour certains ...vous allez atteindre les 4000mètres puis le Sommet du Mont Cameroun, faut pas croire que ça va se faire tout seul ! Mais la joie d'atteindre la plaque indiquant le sommet vous fera retrouver des forces c'est certain !

 

 

 

Voilà déjà un topo un peu plus précis de ce qui attend les concurrents. Ah non !!  J'oubliais, on a fait que la moitié !  Et peut être la plus facile !!!  La descente est très difficile à négocier sur la zone ''Savane Verticale'', tout erreur sera impardonnable ... et le retour du bitume peut s'avérer difficile mentalement également ...

 

 

 

LE PROGRAMME ET LE REGLEMENT DE LA COURSE

 

Deux jours complets d'animation autour de l'épreuve, avec chants africains, danses, élection de Miss ''Course de l'Espoir'' ... beaucoup d'effervescence au Stade Moliko du Buéa, mais encore faut-il pouvoir arriver avant la Course et la terminer assez vite pour profiter de tout çà ! Pour exemple, la remise des prix avait lieu à 12h00, ce qui veut dire qu'il fallait faire l'aller-retour en moins de 5heures !!! Et à 15h30, tout était terminé, tout le monde range ou quitte le stade ... ce qui ne vous laissera que 8h30 pour rentrer ... cela peut paraître énorme pour juste 38km ... mais pour ceux qui iront, vous m'en reparlerez avec un petit message !!

La veille, les concurrents doivent passer une visite médicale d'aptitude ; il m'est impossible de vous en dire plus car nous n'avons pas eu la chance de passer par cette case, à notre plus grand regret, car étant passés directement par le biais de la Fédération, nous en avons été exemptés. Patience exigée semble-t-il ...

 

Côté course, il devait y avoir environ 500 participants (800 selon la presse et 500 selon ... nous) ''seniors'' ; il existe aussi une épreuve pour les ''juniors'' (ne vous énervez pas si un petit Camerounais de 12ans vous double comme une fusée !) et les ''vétérans'', qui s'élancent du stade de Départ 10' plus tard, et qui feront demi-tour au Refuge 1. Autre formule possible, l'épreuve en relais, à chaque refuge où les coureurs étaient montés la veille, avec transmission d'une écharpe pour chaque équipe.

 

Pour les concurrents de la ''Course de l'Espoir'', les règles sont très simples : on certifie bien être au départ en adoptant un bracelet de couleur et on suit les autres (ou l'unique sentier existant...) jusqu'au sommet où il vous sera remis un autre bracelet certifiant votre passage et on redescend pour rallier le stade ou un petit bout de papier avec votre place vous sera remis ! Simplissime non ? ... et bien non ! Attention ! Nous n'avions pas été informés en amont, mais il y a des barrières horaires sur cette épreuve, et des barrières plutôt ''serrées'' ; pour pouvoir atteindre le sommet, il fallait passer au Refuge 3 avant 11h ! Soit 4heures pour plus de 3000m de dénivelé ... faut que çà pousse fort quand même ! Le doyen aura été intransigeant après ce délai (légèrement dépassé), au même titre que les officiels chez nous : obligation de faire demi-tour, même sans dossard, tout le monde descend et il ferme la marche ! L'accès au sommet est interdit !

Une immense déception pour tant d'efforts accomplis ... surtout quand on n'est pas averti avant ... mais les souvenirs pour en arriver là resteront quand même gravés à jamais dans les mémoires !

 

 

LE NIVEAU DE COMPETITION

 

La Course de l'Espoir est un des évènements sportifs majeurs du Pays sur toute l'année ! La dimension internationale n'est pas encore complète, mais l'engouement de tous les coureurs du Pays est incontestable ! Les Camerounais ont cette culture pour la course de montagne, ce sont des coureurs de montagne, qui en plus possèdent ces qualités de coureurs à pied africains ... ce qui les rend pour le moment imbattables sur leur terrain !

Cette course est pour eux comme ''la finale'' de l'année ; ils se sont qualifiés sur d'autres épreuves dans leur région respective, et une délégation de chacune des 10 régions du Pays est présentée pour défendre les couleurs de leur ville !

Ensuite, l'appât du gain n'est pas négligeable ; dans un Pays où le salaire moyen avoisine les 100euros par mois, le vainqueur a empoché cette année la somme de 4500 euros environ ! Imaginez un seul instant la même somme à l'échelle de nos salaires à l'arrivée d'un trail en France ?? Non c'est pas dans ''l'esprit trail'' diront certains ...

Ajouté à l'engouement de la population, au suivi de la course à la télévision ... cela fait beaucoup de facteurs qui font de cette épreuve un véritable Championnat de très haut niveau ! Les chronos parlent d'eux-mêmes : le vainqueur réalise tous les ans un chrono avoisinant les 4h30 ! Celà peut se diviser à peu près en 3h00 de montée et 1h30 de descente! 3h00 pour les 3400m de d+, avec 30' de bitume où on gagne seulement 450m environ ... et donc 2h30 pour les 3000 restants ! Et sans parler de la technicité ... et sans parler de la descente ! Lorsqu'ils vous croisent on se demande tout simplement comment cela est possible ...  de vrais champions internationaux du skyrunning, j'en suis sûr !! Kilian, si tu me lis ... un nouveau défi t'attend au Cameroun !!

Chez les femmes, les meilleures réalisent un chrono autour de 5H30 ... de quoi laisser rêveur aussi ...

Le versant international reste encore très léger à mon sens, car il doit y avoir en tout et pour tout une vingtaine d'étrangers au départ ; cette année par exemple, 4 français plus venus découvrir que jouer les premiers rôles, tout comme 3 Japonais et 4 Américains ; ensuite, et c'est tout à son honneur, la Fédération d'Athlétisme du Cameroun prend en charge la venue de plusieurs coureurs pour venir défier les champions Camerounais ;1 Marocain, 1 Nigérian, 1 Congolais, 2 Kenyans, 1 Gabonaise, tous des champions de course à pied en Afrique, avec des valeurs de 29' au 10km et 1h00 au semi !! Une belle adversité pourrait-on se dire ... sauf que ces coureurs invités ne sont pas des coureurs de montagne et ne sont surtout pas du tout informés du type d'épreuve qui les attend !! (Pour preuve, cette année, le coureur Congolais a appris qu'il partait au Cameroun la veille de la course, sur son stade d'entraînement !!). Autant vous dire qu'ils ont été vaincus par le Mont Cameroun et qu'ils ont fait demi-tour quand ils ont vu le chantier ... envoyez un coureur 2 jours avant sur la Diagonale des Fous alors qu'il ne connaît que le Marathon de Paris et de La Rochelle ... il a beau avoir une référence en 2h15... pas sûr qu'il aille déjà au Volcan, la surprise sera de taille !  La course à pied est LE sport en Afrique, les plus grands champions sont sur ces Terres, mais la course de Montagne extrême comme celle-ci ou telle qu'on la pratique chez nous reste je pense une exception Camerounaise ou presque.

 

 

 

LE MATERIEL NECESSAIRE

 

J'ai hésité à écrire ce chapitre tellement le décalage est important avec les coureurs locaux ... surtout pour terminer plusieurs heures derrière eux, alors qu'ils ont pour certains des chaussures en plastique au pied et un pied de parasol à la main comme bâton !

 

Je ne vais donc pas m'étendre sur ce chapitre, j'ai presque honte !!

Listing : camel-back avec réserve d'eau, les ravitos (uniquement en eau) sont très nombreux au départ ... mais en descendant dans les derniers il ne restera pas grand chose quand il recommencera à faire chaud !... et ensuite, crème solaire obligatoire, bâtons utiles à la montée mais peut être gênants à la descente,  de quoi se couvrir pour la partie sommitale ... et çà suffira !!

 

 

 

Le Recit et la Vidéo de notre aventure 2011 

 

 

Voilà donc quelques éléments pour déjà connaître un peu mieux cette ascension du Mont Cameroun !

Une épreuve en soit très extrême et tout un symbole avec cet aller-retour au sommet du Pays depuis le stade du village, avec un engouement de toute la population et des meilleurs coureurs ... bref tous les éléments pouvant justifier d'un caractère international pour cette course de skyrunning !

... mais comme je le disais en introduction, si c'était si simple, ce statut aurait déjà été acquis ... et le fait qu'il soit aussi dur d'être au départ qu'à l'arrivée pour le moment reste un frein à ce développement, la Fédération d'Athlétisme du Cameroun doit encore faire des efforts de visibilité pour sa course et de communication pour les coureurs étrangers en amont de l'épreuve ; si sur place notre prise en charge a été remarquable, mon Pilou a mené un combat journalier de 3 mois pour mettre en place un tel projet ! Mails, contacts peu scrupuleux, latence des réponses, coups de téléphone, ... cela aura été très compliqué ; si je pouvais donc donner quelques conseils pour terminer, en voilà quelques uns :

-il faudra une préparation très dure et un état de forme optimal pour ne pas y laisser trop de plumes, car il ne faut surtout pas s'arrêter au kilométrage ! Le temps de course sera l'équivalent d'une épreuve dure de 60km ... ce qui n'est pas évident au mois de Février. Et les 3400m de dénivelé continu seront de toute façon quelque chose qu'il vous aura été impossible de préparer ... on n'a pas çà !

-côté organisation, il faudra s'assurer d'avoir un contact ''réactif'' et fiable pour préparer votre venue et votre participation à l'épreuve.

-sur place, ne pas s'attendre non plus à un voyage organisé ! Cela restera un peu ''l'aventure'' à tous les instants, car au Cameroun, il y aura beaucoup de négociations à mener, des imprévus ... beaucoup de choses qui sont très ordinaires finalement et auxquelles vous vous habituerez, mais auxquelles il vaut mieux s'attendre !

 

Le Lémurien

 



01/03/2011
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