GRAND RAID REUNION 2010
GRAND RAID DE LA REUNION 2010
''Une aventure de plus, un abandon : chaque course est différente et apporte son lot de plaisir et d'expérience''
Avant de rentrer dans le récit a proprement de cette magnifique épreuve, il me faut préciser le contexte dans lequel je me suis présenté au départ, pour mieux comprendre certainement l'issue de celle-ci … cette année 2010 aura été particulière sur le plan sportif ! Une blessure en début de saison, un Andorra Ultra Trail abouti (mais à quel prix ?), et en filigrane un Projet Sportif et Humain avec cette Tentative de Traversée des Pyrénées dans lequel je me suis investi à 200%, où le soutien de très nombreuses personnes m'a touché, et tout çà pour se terminer si rapidement sur blessure … donc me voilà au repos complet au mois d'août pour me remettre sur pied physiquement, et au mois de septembre, c'est le contre coup, plus aucune motivation, plus d'envie … malgré ce Grand Raid qui approche et qui me fait toujours autant rêver !!! … plus de 7 semaines sans entraînements !! (je ment, peut être 2 footing de 30' et 3 sorties vélo de 1h30 à 3h00, dont un suivi du GRP passionnant, mais c'est bien tout !). Un passage difficile, partagé entre l'envie d'y aller, et l'envie de ne rien faire … pas très compatible tout çà ! Finalement, le temps, et surtout les amis proches sauront me redonner la force de fouler les sentiers, et me voilà engagé sur 2 trails ce week-end de fin septembre, sans aucun entraînement … c'est reparti ! Est-ce trop tard ??? Peut-on préparer une Diagonale en 5 semaines ?? Réponse … oui !! Physiquement tout du moins, mais avec ''un peu'' de vécu quand même derrière … lol. Voilà dans quel contexte a été préparée cette dernière aventure de 2010, avec les potes, en prenant beaucoup de plaisir sur ces dernières sessions d'entraînements, et en partant sur cette épreuve avec des doutes, de l'humilité et de nouveau de l'envie !! ouf … il était temps …
Pour la troisième année consécutive, et je suis bien conscient de la chance que j'ai, me voilà sur l'île de la Réunion à cette même période, à la fois pour rendre visite à la famille, et aussi pour participer à LA Diagonale des Fous ; la 18ème du nom s'annonce particulièrement difficile, comme si cela ne l'était pas assez, avec un kilométrage encore augmenté (162km !), des portions extrêmement techniques (difficile à décrire comparativement à ce que l'on trouve chez nous …) et un plateau de coureurs toujours plus relevé, mais cela va de soi désormais sur toutes les épreuves de toute façon. Les jours précédents l'épreuve, on a déjà profité à 100%, entre reconnaissance du nouveau final (au moins je l'aurai fait une fois !), ballade en famille dans la forêt de Bélouve, repos, les préparatifs de la course … tout est ok avant le Jour J ! Je dispose même d'une assistance ''pro'' pour la course, en plus de la famille, en la présence de Kty Ardito du Team Asics, accompagnée de collègues ''locaux'' extrêmement sympas. Jeudi 22 Octobre, 16h, juste après la sieste, Pilou, Roi Carotte et Alain me récupèrent avec leur ''Team'' direction le départ, le Cap Méchant !! (Rien que le nom déjà devrait faire peur !). La Lemur Team est là !! Tous les ingrédients pour une aventure hors norme sont réunis, place aux choses sérieuses !
Les dernières heures sont déjà magiques ; nous sommes encadrés comme des professionnels par les hôtes de mes comparses de la Lemur Team ! Couvertures pour une petite sieste sous les étoiles et la pleine lune, repas diététique où il ne manque rien (avec la nuit, j'ai pas fait attention a un truc … et plus tard cela me jouera une grosse frayeur !) et un reportage photo-vidéo top qualité … puis l'heure approchant, il nous faut enfiler notre ''tenue de combat'', avec tous les détails qui vont bien comme d'habitude, puis on se dirige au contrôle des sacs ; une fois passé, nous y sommes ! Nous sommes ''parqués'' dans le stade, au milieu des fous, avec une seule issue, la route vers Saint Denis !! Le podium installé sur le bord anime les dernières minutes, le ton est donné ! Comme sur l'UTMB, une poignée de coureurs à la chance de pouvoir se placer aux avant-postes, mais par contre, c'est déjà un combat d'y parvenir, que l'on soit appelé ou pas !! Personne ne laisse passer personne !! et même les ''têtes connues'' locales, comme Didier Mussard ou les cousins Técher ont bien du mal … une foire d'empoigne !! On ressent déjà cette tension propre à la Diagonale et à ses participants … incroyable !! Le départ réel n'est que l'explosion finale de toute cette préparation de longue haleine qui nous a menés ici, sur le stade du Cap Méchant ! Des sacrifices et un défi pour tous ces fous dont je fais partie !
GRAND RAID 2010 : le départ de l'intérieur ... chaud chaud !
DECOUPAGE PERSO DU GRR 2010 : Découper le parcours est une aide précieuse pour moi pour se fixer des ''mini-objectifs'' beaucoup moins distants que le Stade de la Redoute, qui pourra à certains moments de la course paraître beaucoup trop loin !! Ce découpage, j'essaie de le faire en fonction du relief, du terrain, des moments de la journée, … un moyen d'éviter la lassitude et se remobiliser à plusieurs reprises sur ces longues heures de course. Mon récit étape par étape …
Section 1 – Le topo
Cap Méchant – Foc-Foc Crête de l'enclos : 24km – D+2494 L'ECHAUFFEMENT
Attention à cette section du GRR ! Cette section est identique tous les ans, il s'agit en effet de la montée au Volcan. L'émulation est telle que malgré une densité de coureurs bien moindre qu'à un UTMB par exemple, la course part sur des vitesses très élevées !! Les 3 premiers km sont plats, sur du bitume. Ensuite, le tracé bifurque pour emprunter une très longue piste (large) sur près de 12km, pour approcher de la véritable montée au Volcan. 750m de d+ tout de même sur ces 12km de piste. Tout se passe en courant, mais attention au surrégime… Km 16 – Mare Longue (poste de ravitaillement): début du sentier vers le Volcan. Fini la course … 8km D+1700m, sentier très technique au départ avec nombreuses racines, marches, … bienvenu à la Réunion ! Forêt très dense au départ, puis vers le haut, cela se dégage un peu et on apercevra certainement quelques lueurs de frontales au dessus de nos têtes … environ 2h de marche à faire travailler les quadriceps ! Km 24 –Arrivée au poste de Ravitaillement de Foc-Foc. Nous sommes aux abords du Volcan, sur la crête de l'enclos.
Les Difficultés et pièges :
-le rythme imposé à l'avant ; la course du ''premier au Volcan'' est une réalité ! Et tout le monde se laisse aspirer par cette vitesse … la longue piste dure bien plus d'une heure, donc attention au surrégime sur cette section de course ! Ne pas se fier aux voisins !!! Le problème des ''bouchons'' à l'entame du sentier à Mare Longue est un faux-problème à mon avis pour les 500 premiers !! Il est vrai que l'on doublera difficilement sur le sentier mais au pire cette marche en file indienne doit être considérée comme un temps de récupération pour la suite et non comme du temps perdu …
-les changements climatiques ; au bord de la mer, il pourra faire entre 15 et 25° à 22h ! Par contre, par temps clair et dégagé, la T° pourra descendre en dessous de 5° 3h30 plus tard en arrivant sur Foc-Foc ! Pour peu que l'on se mouille au départ, ou qu'il y ait du vent sur la crête … il faudra être prévoyant en fonction des T° annoncées !!
-même si je parle d'échauffement, ne pas oublier quand même qu'il s'agit de la plus grosse difficulté du parcours ! Ne pas non plus croire que cela va se passer les doigts dans le nez … rester en confiance et positiver quoi qu'il arrive me semble très important aussi !
Section 1 – Le Récit
Après ce départ magique, avec cette foule massée des 2 côtés de la grande route sur près de 3km, cette bousculade pour sortir du stade (encore un truc de fou, y a qu'à voir la vidéo !) … on retrouve le calme, pour une nuit entière à courir sur le Volcan. Je profite alors des coureurs à mes côtés, de la pleine lune pour laisser ma frontale éteinte sur cette grande piste. Je laisse filer devant, je contrôle quand même au cardio … tout va bien, et le rythme est même bon ! Un coup d'œil sur la droite et on aperçoit parfois les quatre lumières qui entourent le stade du Cap Méchant … il s'éloigne petit à petit … je retrouve ensuite dans un groupe avec Richard et Thierry Techer, qui ont décidé de faire course commune et Richeville Esparron. Nous arrivons à Mare Longue … 1h20 … et aux dires de Thierry (quand même 2 fois vainqueur !) c'est parfait ! Moi qui pensais être tranquillou … cool, la forme est bonne. Je m'arrête remplir ma petite bouteille, ils filent … je ne les reverrai plus ! J'attaque donc sur mon rythme la montée à Foc-Foc ; je récupère des coureurs mais je profite de cet ''échauffement''. Sur le haut, lorsque la végétation se dégage, on aperçoit quelques frontales, mais surtout des lueurs rouges tout en haut, signes de l'éruption du Volcan de la semaine passée ! Un spectacle unique pour ce Grand Raid … j'ai hâte d'y être ! Une petite pause pour mettre gants, buff et coupe-vent, car la T° baisse franchement. Avant Foc-Foc, quelques relances sont possibles … mais un invité surprise fait son apparition : des nappes de brouillard par-ci par là, qui rendent le cheminement très complexe ! je ne parlerai pas du balisage, mais même les marques du GR rouge et blanches sont difficiles à trouver … bref l'attention est de mise ! Au moins là encore, je suis sûr de ne pas me brûler les ailes (çà a des ailes un Lémurien ?), ''l'échauffement'' se termine, l'important est de ne pas faire plus de chemin ! Impossible d'apercevoir l'éruption du Piton de la Fournaise !! Satané brouillard !! certaines mauvaises langues diront que j'avais le nez dans le guidon, mais pas du tout, ma GO PRO était prête à filmer le spectacle, mais je crois que je suis passé au pire moment, il fallait un peu plus de chance entre deux nuages de brouillard … Arrivée à Foc-Foc, je prends le temps de me ravitailler. Tout va bien !
Foc-Foc (Km24) – Gîte de Belouve (km67) : 43km – D+1080 LA SECTION COURSE
Cette partie comprend une partie commune aux 2 éditions auxquelles j'ai participé, et une section nouvelle pour traverser la forêt de Bébour et rejoindre le Cirque de Salazie. Véritablement la seule partie de la course où on va courir plus longtemps que l'on ne marche ! Les chiffres parlent d'eux-mêmes, seulement 1000m de d+ sur plus d'un marathon (et le double en d-) … on a déjà fait bien plus dur ! D'autant qu'il risque d'y avoir de long kilomètres de piste et de goudron sur cette section… tout ce que j'aime ! Prendre son mal en patience sera ma ligne directrice sur cette portion, pour arriver ensuite à des choses beaucoup plus intéressantes !! Après Piton Textor, on arrive dans les pâturages, la descente se fait en douceur … mais c'est assez long ! Après Mare à Boue, sur les nouvelles sections, on devrait rencontrer des longs faux-plats, dans la somptueuse forêt de Bélouve… de quoi passer le temps ! Côté course, a chacun son truc … mais perso, j'appréhende cette section car on peut y laisser beaucoup de plumes ! Y céder du terrain sera obligatoire pour moi, sinon cela voudra dire que je suis en surrégime … patience, patience …
Les Difficultés :
-la technicité du terrain sur le début de la section, surtout entre l'Oratoire Sainte Thérèse et Piton Textor, avec cette roche volcanique très abrasive, des pierres instables sur tout le chemin …, ne pas tomber sous peine de se faire mal !! Cette portion est descendante (Oratoire Sainte Thérèse 2400m – Mare à Boue 1500m) la plupart du temps.
-l'Oratoire Sainte Thérèse n'est pas une vraie difficulté ; au contraire, je trouve qu'elle coupe bien cette section de course ! La montée dure entre 15 et 20' environ… prendre le temps d'admirer les frontales qui traversent la Plaine des Sables derrière nous !
-longue portion bitumée pour arriver sur Mare à Boue : près de 5km de faux plats, descendants et montants pour rejoindre le poste de ravitaillement … et peut être qu'il y en aura d'autres derrière, mais là c'est nouveau donc je ne connais pas ! Mais la traversée de Bebourg-bélouve s'annonce quand même très ''courable'' également.
Section 2- Le Récit
Très rapidement, et malgré de nombreuses hésitations de cheminement, me voilà au Volcan, LE repère de début de course où les pronostiques se font ; temps de passage perso, 4h05 je crois. Parfait ! Sans trop forcer l'allure … la forme est là finalement !! me voilà rassuré … mais quand même inquiet devant cette section qui m'attend ! Je n'ai vraiment pas fait beaucoup de course pure cette saison … et je le ressens sur ces sections roulantes. Jusqu'à Mare à Boue, sur un terrain connu, aucun souci, la Plaine des Sables depuis l'Oratoire est toujours aussi spectaculaire avec ces petites loupiotes, puis l'arrivée sur Mare à Boue se fera sans lumière, juste à la lueur de la pleine lune sur les quelques kilomètres de route … un régal ! Cette section était en plus découpée avec plusieurs ravitos, où j'ai retrouvé Kty et ses collègues, pour une assistance au top et des encouragements qui font toujours plaisir. Toujours bien dans mes temps de prédiction, je prends encore le temps de me ravitailler sous les tentes de l'Armée, puis place à la première nouveauté 2010, un détour par les forêts de Bébour-Bélouve pour rejoindre le Cirque de Salazie. Franchement, çà valait le détour, mais ce n'est quand même pas mon terrain préféré ! Sorti du ravito, encore quelques longueurs, sur pistes … je temporise, puis on entre dans la végétation. Le topo indiquait une descente sur le Col de Bébour, mais je la trouve très loin !! Mais quelques minutes plus tard, nous y voilà !! Un véritable chantier !! A la verticale, avec arbres couchés dans tous les sens, des racines, des marches (irrégulières bien sûr !) … chaud bouillant !! Là je dis oui !! Pas très long, mais suffisant pour retrouver du plaisir ! Arrivée au Col. De là, quelques kilomètres de goudron, puis des sentiers pour nous emmener à la sortie de la forêt : un cheminement de près de 13km, dans une végétation grandiose au lever du jour, mais quel ''casse-pattes'' !! Par chance, je remonte sur Thierry Chambry au départ du sentier ''Bois et Couleurs'', et nous discuterons quelque peu, en admirant la beauté de cet environnement, il me fera un super tempo tout du long, quelques vidéos … bref de quoi passer le temps un peu plus vite !! Arrivée au ravitaillement. Nous y rattrapons Richeville. Petite pause. J'en profite pour une petite vidange, et là, stupéfaction, tout rouge !!!!!!!! J'avoue que sur le coup, je prends peur. Du sang ??? On me dit de m'arrêter de suite … mais je ne comprends pas, je me suis hydraté un maximum depuis le départ, donc pourquoi un problème rénal à ce moment-là ? Je décide de faire le point à Hell-Bourg … et cogitant énormément, je me rappelle à ce repas dans l'obscurité au Cap Méchant, où je me suis resservi deux fois de la salade de Kim tellement c'était bon … ce n'était pas des betteraves au moins ??!!! Bingo ! Fausse alerte … mais est-ce que çà mange des betteraves un Lémurien ??
Toujours est-il, me voilà au Gîte de Bélouve, fin de cette longue section. Je sais pas si c'est ce coup de stress, ou la longueur de cette section, mais j'accuse un peu le coup … je gère donc tranquillement.
GRAND RAID 2010 : la FORETde BELOUVE - Nouveauté 2010
GRAND RAID 2010 : Passage au Gîte de BELOUVE -Nouveauté 2010
Section 3 : Le topo
Gîte de Belouve (Km67) – Marla (Km103) : 36km – D+ 2900 LES GROSSES PENTES
On arrive là dans quelque chose de bien typé trail !! Aucun temps de répit quasiment sur ces 36km, un enchaînement de difficultés avec beaucoup de dénivelé ! Tout ce que j'aime là par contre ! Les descentes sont à aborder avec autant de prudence que les ascensions, elles peuvent être dévastatrices ! Je ne connais pas la descente sur Hell-Bourg, mais à en lire les courbes de niveau, çà doit être déjà très pentu. Ensuite, la montée du Cap Anglais est très connue des coureurs de l'île, et a priori, c'est du très très costaud, surtout que la pente semble se relever au fur et à mesure de l'ascension ! Derrière, la pente se radoucit pour rallier le Gîte du piton des Neiges, mais je pense que le terrain sera technique à cet endroit. Ensuite, entre le gîte et le fond du cirque de Cilaos, il n'y a pas moins de 1600 m de d- ! La première partie entre le gîte et le bloc est énorme ! Très très pentue, beaucoup de marches avec ces rondins de bois glissants, attention !!! Cette descente est coupée par 2 ravitaillements si on veut (Le Bloc et Cilaos), et une portion de 3km de route entre ces 2 postes, mais elle continue bien jusqu'à Bras Rouge. De là, il faut remonter le fameux Col du Taibit (5.5km – D+1160), avec ses hautes marches, racines, … et du col, on enchaîne encore direct sur Marla, porte d'entrée du Cirque de Mafate, par une descente (assez courte) plutôt technique. Voilà un enchaînement de 3 descentes très pentues et 2 des plus grosses difficultés du parcours !! Il restera encore 60km…
Les Difficultés
-l'enchaînement terrible qui s'annonce ! Les cuisses vont en prendre un coup sur cette section, qui qu'il arrive …
-la technicité des descentes
-le changement du climat ! Attention, nous avançons dans la journée, et la T° devrait monter crescendo, peut être vers les 30° ! Et au fond du Cirque de Cilaos et dans la montée du Taibit, c'est extrêmement étouffant, on ne sent pas d'air… la montée duTaibit sur les coups de midi sera encore plus que d'habitude un tournant, car c'était moins long pour arriver là …
Section 3 : Le Récit
L'essence même de cette Diagonale des Fous, le paradis de cette Ile de la Réunion, le passage successif par les 3 Cirques que sont Salazie, Cilaos et Mafate ! Une nouveauté pour 2010, que du bonheur ! Il me tardait vraiment cette section. Sur la descente vers Hell-Bourg, je temporise et laisse filer Richeville et Thierry, j'en ai besoin. L'arrivée au stade sera un peu longue mais je prends le temps en ce début de matinée. L'ambiance est déjà là en bord de route, avec tous les postes radios allumés à fond sur RER avec son suivi en direct de la course, unique ! Bon ravitaillement sous la tente, parfaitement servi par ces merveilleux bénévoles encore une fois, comme sur tous les postes !! Une petite parenthèse pour les remercier et les féliciter de leur dévouement pour l'organisation de cette aventure que l'on vit aussi grâce à eux. Bien alimenté et hydraté, me voilà d'attaque vers le Cap Anglais ! Là, pas de transition, on sort du stade, les escaliers, et direct dans le pentu ! Une première partie bien raide, puis la pente s'adoucit, idéal pour relancer non ? Et bien non ! Un champ de racine abominable recouvre le sol tout du long ! Et oui au Grand Raid, la vitesse de progression ne dépend pas toujours de la pente … lol, mais plutôt du terrain ! La dernière partie est un véritable mur. L'hélicoptère tourne non loin de là, Kilian doit basculer au sommet … mais il est vrai que pour le moment, je me suis très peu occupé de ce qui se passait devant, je fais ma route. Dans la montée, je repasse Richeville, avec toujours un petit mot sympa. Au Cap, je discute un petit peu avec les personnes présentes, profites du panorama dégagé sur le Cirque de Salazie (quelle beauté) … je suis bien là ! Sur la traversée vers le gîte, quelques longueurs, une petite baisse de régime, mais le fait de doubler Hervé Giraud Sauveur (désolé Hervé !) et revenir sur Thierry me redonneront le moral ! Seul on n'a jamais l'impression d'avancer, mais la vue des autres s'avère parfois rassurante ! La bascule sur Cilaos est toujours un moment aussi impressionnant, les conditions sont parfaites, tout est dégagé, et cet instant là contribue aussi à me redonner l'envie, le plaisir d'être là ! Que du bonheur. Je fais une descente tranquille, et finalement, je resterai avec Thierry un bon moment, jusqu'à Bras Rouge. Le passage a Cilaos est encore un super moment, puisque j'y retrouve la famille, Didi et Lana ayant même eu l'autorisation ''exceptionnelle'' de rentrer sur le stade avec moi … et voilà en train de relancer pour suivre mon petit bout de 3ans et demi !! Du coup, j'ai vraiment pris le temps avec mes petites femmes, de bien me ravitailler, je suis heureux quoi ! 90km dans des conditions merveilleuses, les personnes que l'on aime autour de soi, que demander de mieux ? Nous repartons vers Bras Rouge, direction le Col du Taibit. Comme prévu, il commence à faire chaud, très très chaud. Dès le début de l'ascension, Thierry ressent le besoin de temporiser ; je me sens alors très bien, je pars sur mon rythme. Pour rejoindre le ravitaillement intermédiaire, je profite des filets d'eau pour m'arroser systématiquement. Nous y voilà. Les proches sont encore tous là, avec l'assistance du Team. Je pensais prendre un peu de temps, mais tout s'accélère, et l'arrêt durera finalement juste 2-3 minutes… il est midi, à l'attaque direction le Cirque de Mafate ! Dans la montée, des rencontres magiques, à l'image de l'ambiance Grand Raid : ce jeune que je n'ai pu m'empêcher de filmer qui a encouragé tous les coureurs par une petite chanson en créole, un ''rasta'' avec son énorme sac à dos à qui j'ai confié ma caméra et dont je n'ai pas compris grand-chose lorsqu'il me parlait en créole (lol, désolé !!) et l'arrivée au sommet avec l'interview habituelle (même journaliste que les années passées !) pour RER, toujours avec ma caméra bien sûr ! On regrettera juste l'absence de la tisane ascenseur à l'Ilet des 3 Salazes … Peut être un tournant dans ma course, au sommet, on m'annonce les écarts avec les 7 coureurs qui me précédent : Antoine Guillon est 7ème, presque 40' devant !! Un coup dur pour moi, car je prends conscience que je ne risque pas de croiser grand monde dans Mafate pendant de longues heures … sûrement un premier impact psychologique … et me voilà dans la descente sur Marla. J'arrive au ravitaillement, et me rappelle dans l'état où j'y étais l'an passé… ca va beaucoup mieux !! Merci aussi pour l'accueil sur ce poste, super sympa. Fin de la section. Je suis 8ème … toujours pas très loin de mes temps de prédiction pour un GRR en 26h … mais il reste encore 2 sections et 60km …
GRAND RAID 2010 : le terrible CAP ANGLAIS !
GRAND RAID 2010 : Passage au gîte du Piton des Neiges
Les Photos des Assitances de Cilaos et du Taïbit
Section 4 : le Topo
Marla (km103) – Deux-Bras (km127) : 24km – D+1050 Les Montagnes Russes Mafataises
Le tracé dans le Cirque de Mafate est beaucoup direct cette année que les éditions précédentes. Il ne faudra pas le sous estimer pour autant ! Sur les 24km, il n'y a ''que'' 1050 de d+, mais aussi presque 2400 de d- ! Autant dire que les pentes seront sévères !! Le profil global en page 1 n'est pas du tout révélateur de ce qui nous attend. Mafate, c'est un relief très particulier, un cheminement très complexe que l'on a du mal à deviner au fur et à mesure de son avancement. On croit que cela va monter et en fait le sentier plonge dans une ravine pour remonter de l'autre côté par exemple !! De vraies montagnes russes pendant 24km, c'est garanti ! Jamais de grosses difficultés comme avant sur le parcours, mais ces minis-enchaînements sont très très usants ! La capacité à relancer sera l'arme des meilleurs car la fatigue sera bien installée ! Je ne connais pas plus en détail le parcours puisqu'il a été modifié. Enchaînements, pentes, technicité seront les maîtres mots de cette traversée à coup sûr inoubliable du Cirque de Mafate !!
Difficultés et pièges
-croire qu'une difficulté est terminée !! Attention, le relief est très difficile à anticiper … Mafate paraît toujours comme une section interminable ! De nombreuses remontées n'apparaissent pas sur le profil … à gérer tranquillement, surtout à la vue de la section 5 qui nous attend cette année !
-le cheminement dans la Rivière des Galets à l'approche de Deux-Bras n'est pas forcément simple, surtout si la nuit est tombée (bien se rappeler que la nuit tombe vers 17h30 à la Réunion !). Une bonne frontale est très fortement conseillée à partir de là !!
-la section Ilet des Orangers-Deux Bras sans ravitaillement pourra s'avérer longue éventuellement …
-impossible d'abandonner !!!!! Et oui, Mafate, c'est un endroit inaccessible, donc quand on y entre, on doit en sortir … lol c'est pour çà qu'il y a tant de ''finishers'' sur le Grand Raid peut être ?!
Section 4 : le Récit
Depuis le final du Taïbit, le temps est couvert … et oui, c'est comme çà à la Réunion, passé midi, difficile de profiter … donc mieux vaut aller vite pour admirer les différents cirques de l'île ! Cap sur le site des Trois Roches ; l'itinéraire légèrement modifié nous a fait passer par une ravine un peu dégradée, mais ensuite, on retrouve les magnifiques sentiers de Mafate, si bien entretenus… un travail de titans que l'aménagement de ces kilomètres de pur bonheur pour tout randonneur ou traileur. Arrivé à Trois Roches (environ 20' après), me voilà encore en train de faire une bonne pause … un tournant pour moi. Je ne m'en suis pas aperçu sur le moment, mais en fait, je n'arrive plus à m'alimenter et m'hydrater correctement entre les postes de ravitaillement… ces pauses sont mes seuls moyens de compenser mes dépenses énergétiques, l'écœurement est là. Je n'avais pas établi de ''stratégie alimentaire'' pour ce GRR, pensant faire au feeling … GROSSE ERREUR ! Sur le coup, je fractionne mentalement cette traversée de Mafate par petits morceaux, pour continuer sur mon rythme qui reste somme toute très acceptable, car tout est encore possible en termes de résultat, le meilleur … comme le pire ! Entre Trois-Roches et Roche Plate, aucun souci. Entre Roche Plate et l'Ilet aux Orangers, une bonne heure d'effort, à toujours enchaîner ces montées-descentes … je commence à ressentir la solitude en cette fin d'après-midi ; quelques randonneurs sont là avec toujours ces encouragements, mais personne devant, personne derrière. Arrivée à l'école de Roche Plate. J'adore le site, les marches pour se faire une petite pause. J'en profite. Roche Plate – Ilet aux Orangers, encore une section d'une heure environ, avec une bonne montée cette fois, puis toujours ces montagnes mafataises interminables … là encore tout se passe à peu près, mais je ne me rends toujours pas compte de mes difficultés de ravitaillement … le mal s'installe. Arrivé à l'Ilet aux Orangers, revoilà Thierry ! Il semble dans une bonne phase et repart du ravito aussi tôt … me voilà encore seul, et çà, j'ai du mal ! Sur la dernière section jusqu'à Deux Bras, heureusement, une famille de Mafate qui m'encourage depuis le sommet de la ravine me redonne une bonne énergie : les enfants courent derrière moi à la bascule, avec leurs savates aux pieds, sur 2-3 virages de cette énième descente, un moment magique ! (zut, c'est la seule vidéo où le son n'a pas fonctionné !!). Passage de deux belles passerelles, et finalement, la descente sur la Rivière des Galets arrive … la sortie de Mafate approche. Les deux derniers kilomètres seront quand même très longs pour rejoindre la base, je ressens mes difficultés à courir, physiquement et mentalement … donc : JE MARCHE ! Arrivé à Deux Bras, je m'en vais me poser pour me ravitailler, mais revoilà Thierry !! Il se réveille d'une micro-sieste et s'en va pour attaquer la montée à Dos d'Ane. Dans ma tête, cela fait ni une ni deux, y'en a marre d'être seul, je décide de repartir avec lui. Un ravito express et hop, nous revoilà de nouveau réunis … pas pour longtemps ! Grosse erreur de ma part, Thierry s'est refait une santé, et moi, en ''grillant'' le ravito, je n'ai fait que diminuer mes réserves déjà maigres … impossible de le suivre. Et là, gros coup au moral… la nuit va tomber, les forces qui me restaient s'atténuent… le début de la fin. Physiquement, je suis assez mal, car non alimenté suffisamment, mais le plus dur, c'est mentalement ; d'un coup je réalise dans la galère dans laquelle je vais plonger, car pour finir, il me faudrait faire une grosse pause, peut être dormir, puis repartir de nuit au ralenti jusqu'à l'arrivée … je l'ai déjà vécu, et là, la tête n'y est pas. Je fais abstraction totale de ma position actuelle au classement (9ème il me semble), l'important est ailleurs, dans la souffrance et la projection que je peux faire sur ce nouveau final, à la fois terrible et … inutile à mon goût ! C'est l'effet pervers des reconnaissances : elle peut être très utile dans certaines circonstances de course, mais à l'inverse faire peur! C'est sûrement ce qu'il s'est passé … j'ai eu peur, peur d'affronter la nuit, d'en baver terriblement, … mon mental m'a lâché… cela fait partie du jeu, le mental en ultra est primordial ! Tout est fait dans ma tête, l'abandon me semble la seule issue … alors que dernier ultra non bouclé remonte à l'UTMB 2008… un coureur local très sympa m'accompagne gentiment dans la montée (sans porter mon sac !! lol), mais je n'avance pas ! la montée sera terrible, avec ses descentes incessantes qu'il faut tout le temps remonter … je n'en vois plus la fin, un vrai calvaire !! Arrivé la haut, tout le monde m'attends (je le savais, d'où la facilité de tout stopper là), ils voient de suite à mon visage que rien n'est plus comme au pied du Taïbit … ils tenteront bien tout leur possible pour me remotiver, tous les mots, toute l'assistance possible, un coureur de Déniv m'a même prêté sa tente pour faire une pause !! … mais un lando-béarnais ou béarno-landais a décidé quelque chose, il est difficile de lui enlever de la tête (c'est têtu un Lémurien ??) … rien n'y fera, j'ai ma dose. Saturation complète. Il doit être aux alentours de 20h, nous sommes à Dos d'Ane, fin de ce GRR 2010. Je ne tiendrai même pas ma parole d'attendre mon Pilou ou Roi Carotte de la Lémur Team pour finir avec eux … dommage, sûrement le seul regret que je garderai. La section 5 restera donc sur le papier … pour 2010 …
GRAND RAID 2010 : Traversée de Mafate ... début de la fin !
Bravo les gars !! La Lemur Team est à la Redoute !!
Section 5 : le Topo
Deux-Bras (Km126) – Stade de la Redoute (Km163) : 36km – d+2100 Un final ''Redoute''able !!
Le stade de la Redoute est encore loin !! Ce nouveau final 2010 va bouleverser à mon avis tous les repères ! En effet, le 1er à Deux-Bras était généralement le futur vainqueur, car il restait à se hisser au dessus de Dos d'Ane et basculer vers Saint Denis. C'était déjà long, mais là, on va avoir plus de 10km de plus et surtout des difficultés supplémentaires !! Tout peut se produire sur cette dernière section ! Très difficile de faire un descriptif d'une section que je ne connais pas, mais a en regarder les topos et la trace sur Google earth, il semble qu'elle sera un condensé de tout ce que l'on a parcouru jusque là !! du pentu, du très technique, de l'ennuyant, du bitume, du roulant, la montagne, la mer, … le tout de nuit a priori pour terminer ! De Deux-Bras, il faudra déjà remonter à Dos d'Ane (Eglise), comme les années passées, par ce mur pour sortir de Mafate ! Du très pentu parfois, avec ses passages de chaînes … 4km d+700m … mais à ne pas aborder comme la dernière difficulté comme auparavant ! De là, tout est modifié, on va redescendre au niveau de la mer, à la Possession, sur plus de 10km. La descente n'est pas continue, il y a 250m de d+ par là … à ne pas négliger !! Arrivée dans la civilisation, puis il faut rallier Grande Chaloupe, où là encore une bonne bosse avec plus de 300m de d+ nous attend … il restera alors encore 15km ; on remonte vers la Fenêtre (800d+ en 7km), puis on retrouve le final classique des années passées. 3km ''ennuyeux'' entre La Fenêtre et Colorado, puis la descente finale très technique sur 5km pour rejoindre le Stade de la Redoute !
Les Difficultés :
TOUTE cette section !! Le final de cette édition s'annonce particulier, et particulièrement difficile ! Les sections précédentes étant déjà très difficiles, il faudra un minimum de fraîcheur pou aborder celle-là et ne terminer ce GRR comme un long chemin de croix !
L'important restera de voir les lumières du stade de la Redoute bien entendu, comme l'aboutissement du plus dur des Grand Raid jamais couru !!
En tout cas, bravo à tous, finishers ou non, merci à ces merveilleux bénévoles, merci à tous ceux qui m'ont assisté sur l'épreuve, encouragé avant et pendant ... encore une aventure exceptionelle, comme chaque ultra peut nous procurer !
Quelques Vidéos de la Course
ou une autre sur la course à Kilian
et quelques Vidéos Bonus de la Réunion
(Montages Vidéos Persos grâce à ma Caméra GOPRO de chez Extrême Vidéo)
CANYONIG ILE DE LA REUNION 2010
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